E x t i m e (journal)

jeudi 3 avril 2014

Lumière

Il nous manque des mots.


Comment réaliser ce qu'on est incapable de nommer ?
Notre langue est parfois si pauvre dans certains domaines.

La poésie d'un lieu tient pour beaucoup, selon moi, à la qualité (c'est-à-dire aux caractéristiques) de sa lumière... Comment concevoir cette "ambiance" lumineuse, comment l'exprimer, comment l'expliquer, comment convaincre, comment la réaliser conformémement à l'idée que l'on s'en fait ?
Et bien entendu, quand j'évoque cette qualité de lumière, il ne s'agit pas de donner une valeur en lux, en lumens ou je ne sais quoi d'autre... Même les adjectifs sont peu nombreux pour la décrire cette lumière (forte, douce, crue, tamisée, aveuglante, chaude, froide, sont à peu près les seuls qui me viennent, là, comme ça,)
Quand je dis : ce mur fera 3m. de haut et sera en béton, tout le monde comprend, et visualise.
Mais si je veux expliquer quelle qualité de lumière j'imagine pour un lieu, c'est tout de suite plus hardu. 
Il me faut des références. Et un peu comme pour les odeurs, ces références sont très personnelles, donc pas nécessairement partageables...
Les peintres flamands savaient eux parler de lumière... J'avais 17 ans lorsque j'ai reproduit le tableau de Johannes Vermeer "La jeune fille à la perle". J'y ai passé du temps à observer toutes ses pointes de couleurs qui rendent cette lumière si particulière , ces pointes de couleur si improbables et qui pourtant font toute la qualité de ce tableau : jusqu'au vert et au noir dans les joues, jusqu'au blanc sur les lèvres, jusqu'au rouge dans les yeux... quelle subtilité !

L.

"J'ai gardé jusqu'à la fin de la nuit l'espoir d'une nouveauté de lumière; maintenant je n'y vois pas encore, mais j'espère; je sais de quel côté l'aube poindra." André Gide, Les nourritures terrestres.




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