Extrait de " Issey Miyake dévoile sa nouvelle collection"
La collection que vous venez présenter à Paris et qui sera en vente dans votre boutique de la rue Royale à la mi-novembre est-elle réalisée dans un de ces nouveaux matériaux?
Tout à fait. L'un des mots clefs de ce nouveau projet est "recyclage". Nous avons utilisé une nouvelle fibre polyester conçue pour l'occasion par une société japonaise en pulvérisant, fusionnant et filant d'anciennes bouteilles en plastique que l'on appelle les PET. Ce qu'il ya de révolutionnaire c'est c'est que nous avons utilisé un procédé qui rend ces fibres très douces et qui en plus permet de les recycler à l'infini car la matière obtenue est très pure. Par rapport à un polyester classique obtenu à base de pétrole, la production de ce nouveau tissu permet de réduire la consommation d'énergie et les émissions de CO2 d'environ 80%.
Outre l'aspect écologique, il y a aussi un travail très technique sur ces vêtements que vous proposez: ce sont des carrés pliés comme des origami et le modèle n'apparaît que quand il est déplié...
Nous nous sommes inspirés pour cela des travaux d'un universitaire, que nous avons découvert sur internet, le professeur Jun Mitani. Il avait développé un logiciel pour créer des objets tridimensionnels à partir d'une simple feuille de papier plié, mais je dois dire qu'il a été surpris que l'on puisse adapter ce travail académique à une réalité de mode. Pourtant tout le challenge était là. Le travail du reality Lab n'est pas de créer de l'utopie, mais de concevoir des choses à la fois belles et viables.
Une chose est tout de même assez obscure dans cette collection: son nom, 132 5. Pouvez-vous nous l'expliquer?
Chacun de ces chiffres a une signification. "1", c'est parce que nous utilisons à chaque fois une seule pièce de tissu par vêtement. . "3" c'est parce que l'origami se déplie en 3 dimensions pour former la jupe, le pantalon ou la robe. "2" c'est pour faire référence au pliage en bidimension de la pièce de tissu. Enfin le "5" c'est sans doute le chiffre le plus poétique, c'est l'espoir que le concept de ce vêtement nous conduise à la découverte de nouvelles dimensions. Vous savez, la technique m'amuse, et il faut continuer à s'amuser en s'habillant.