間 kanji symbolisant un soleil (petit kanji au milieu) entouré par une porte. J'avais lu également quelque-chose comme "rayon de lune passant entre deux volets entrouverts" ... mais bon, n'ayant pas appris moi-même le japonais ...
Le ma signifie l’intervalle, l’espace, la durée, la distance. Non pas celle qui sépare, mais celle qui unit. Ce terme est employé comme concept d'esthétique, il fait référence aux variations subjectives du vide (silence, espace, durée) qui relient deux objets, deux phénomènes séparés. Ce concept est décliné dans de nombreux arts : architecture, peinture, arts martiaux, art culinaire, théâtre, musique, etc.
Le Ma : intervalle, transition, pause, respiration, passage
- incarne et s’incarne dans tous les éléments qui permettent de relier "et/ou" de séparer un lieu d’un autre, un temps d’un autre ;
- au niveau de l’espace ou du quotidien : portique, seuil, marche, galerie, chemin de gravier…
- permet aux sensations de s’épanouir, force cachée du Ma, codes imperceptibles favorisant une harmonie entre soi et l’espace ;
- est aussi un certain type d’intervalle dans la musique et la danse traditionnelle ;
- temps de silence dans la diction ;
- privilégie les blancs et le néant en tant qu’ils appellent à y percevoir une infinité de significations ;
- combinaison d’un vide, d’un silence, d’un arrêt, d’une pause, d’un décalage ;
Le Ma introduit dans la suite des signes qu’impose un émetteur quelconque, des zones libres où le récepteur a le besoin d’inscrire la signification de son goût.
Le Ma est aussi associé à la notion de bordure, le bout, le liseré, le cadre, la plateforme ou véranda qui ourle la maison traditionnelle et où l’on n’est ni vraiment dehors ni vraiment dedans.
Le Ma sépare tout en reliant
« Le sens de l’espace au Japon », d’Augustin Berque, Éditions Arguments
Le Kôjien (équivalent du Petit Robert pour la langue japonaise) propose pour "ma" :
Architecture
« Espace ouvert » : transition vide qui sépare et relie deux espaces ou l'intérieur et l'extérieur.
Le ma est aussi associé à la notion de bordure, le bout, le liseré, le cadre, la plateforme ou véranda qui ourle la maison traditionnelle et où l’on n’est ni vraiment dehors ni vraiment dedans.
Ma : « portique », « seuil », « marche », « galerie », « chemin de gravier ».
Théâtre
Petite pause marquée pour laisser à la réplique le temps de porter, de faire son effet , immobilité active.
Danse
La pause (suspension) qui crée le rythme, inaction entre deux mouvements.
Mode
Ma est aussi un "espace " intéressant entre la peau et le tissu. Chaque anatomie étant différente, le "ma" est toujours unique et crée une forme spécifique à l'individu.
Musique
La pause (suspension) qui crée le rythme, silence entre deux phrasés musicaux.
Art martiaux
Le ma-ai (間合い principe d’aiki) est très présent dans les arts martiaux où il désigne l'espace entre deux adversaires qui détermine le protocole du salut et de l’engagement du combat ; non seulement la distance entre les deux adversaires, mais aussi le temps qu'il faut pour franchir cette distance. Le Kanji 合pour "ai" représente un pot avec un couvercle dessus et symbolise deux choses qui s'accordent ensemble, l’union, l’harmonie.
Art floral : ikébana
On ne sature jamais l'espace.
Art de la table
L’art de la table est érigé au Japon au même rang que l’ikebana ou que la calligraphie. Esthétique du vide dans l’arrangement des mets au cours des repas : on ne remplit jamais le bol, l’équilibre entre le contenant, l'espace vide et la nourriture est crucial.
Calligraphie et Peinture
Au Japon la calligraphie et la peinture ont pour fondement l'art du trait. Cet art est différent de ce que l'Occident considère comme un trait, tracé, limite ou contour. L'essence de la chose est dans le trait, et non pas dessinée ou peinte avec des traits, limites ou contours. En calligraphie il en va de même. Le sens est d'abord dans le trait, et non pas signifié par des traits. C'est ce que l'on dit lorsqu'on parle d'un « trait vivant » dans la peinture ou la calligraphie japonaises. Le ma est un élément constituant de cette vie du trait. En effet les traits s'enchaînent et c'est cet enchaînement, appelé kimyaku (気脈,« enchaînement du ki »), qui est « l'élément le plus important de la calligraphie ». Le ma est l'intervalle entre les traits qui sépare et à la fois relie les traits entre eux. Si l'on s'arrête entre deux traits, pour réfléchir ou reprendre de l'encre, il n'y a pas d'enchaînement, pas d'intervalle vivant, mais au contraire le trait est mort. « Grâce au kimyaku, les caractères ne sont pas constitués de traits distincts, mais forment un tout vivant. Il faut l'avoir constamment à l'esprit et ne jamais arrêter un caractère en cours de route pour le reprendre - car dans ce cas il serait mort ». Le ma ne répond pas à une logique géométrique, mais à une intuition enracinée dans l'esthétique du kokoro (こころ), propre à l'esprit japonais, où l'on ne reprend jamais un trait, où l'on ne corrige jamais un intervalle.
La notion de ma est centrale pour comprendre que l'art classique japonais n'est pas une recherche du vide, mais une voie (道, dō), c'est-à-dire le dépassement de la dualité du vide et du plein : « Le concept de ma est également utilisé en dehors des arts de la scène. Dans leur tradition picturale les peintres japonais cherchent à créer un « vide plein de sens » par l'utilisation des espaces blancs ». Le vide dans l'art japonais n'est donc pas le néant, contrairement à une interprétation erronée largement répandue en Occident.
Suspension
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