"L'essentiel de l'art involontaire se résume en un mot court et consonant, un mot de sous-bois lorsque l'empreinte dans l'humus est encore une énigme : traces.
La rencontre avec l'homme, l'homme absent, se fait par les traces de son savoir-faire et de sa négligence.
Un oubli sur le sol : ce ticket de métro parisien dans la jungle de Ramona-fane quelque part à l'autre bout du monde, juste derrière le buisson, là.
Maîtrise et abandon, distraction naturelle de tout individu pour l'oeuvre qu'il laisse en passant.
Les traces finissent toujours par disparaître mais elles inscrivent leur histoire dans celle plus générale de l'évolution. Elles fomentent un génome.
Ce sont les étapes anodines d'un paysage."
Traité succinct de l'art involontaire , Gilles Clément
E x t i m e (journal)
vendredi 8 novembre 2013
Rencontre (1)
"Le thème de la rencontre de la ville est donc très lié à celle de la rencontre en ville.
Nous pouvons l'observer de plusieurs points de vue. Le premier c'est celui de Michel Certeau, lorsqu'il nous dit, dans L'invention du quotidien , qu'il faut redescendre du World Trade Center, oublier le plan géométrique qui exprime les contraintes du réseau et retrouver au ras du sol ( j'ajouterais dans les couloirs du métro) la liberté de ce qu'il appelle "les réthoriques piétonnières".
Nous pouvons, dans les villes où l'on marche encore composer nos promenades comme on écrit un livre.
Le deuxième point de vue, c'est celui du surréalisme et de l'attente romanesque: toute déambulation, se donne plus ou moins consciemment comme objet la rencontre d'un autre ( de la même manière que tout texte qui s'écrit suppose la possibilité d'un lecteur )...."
L'impossible voyage, Marc Augé
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