E x t i m e (journal)

dimanche 26 octobre 2014

L'oeil et la manière

" All eyes are basically the same, it is the way in wich you look through them that counts. "


lettre retrouvée de Tim. P. 1997


jeudi 23 octobre 2014

Illusion

Jamie Harkins , oeuvre éphémère



Escher




" C'était il y a très, très, très longtemps, en ce temps-là il y avait le Ciel. Au milieu du Ciel, il y avait la Terre qui était ronde et qui tournait. A gauche du Ciel il y avait la Planète Shadok. Elle n'avait pas de forme spéciale...
ou plutôt.... elle changeait de forme, ce qui était très inconfortable pour les Shadoks qui y habitaient. 
Ils ne savaient plus quels étaient les escaliers qui montaient et ceux qui descendaient sauf quand c'était expressément écrit dessus. Alors il arrivait souvent qu'avec un escalier prévu pour la montée on réussisse à monter plus bas qu'on ne serait descendu avec un escalier prévu pour la descente.
De même, quand ils montaient un escalier, ils n'étaient jamais sûrs d'arriver en haut."


Les Shadocks, Jacques Rouxel.

mercredi 22 octobre 2014

Philosopher ou faire l'amour


Dans un essai iconoclaste, Ruwen Ogien déconstruit tous les stéréotypes accumulés depuis Platon sur l’amour. Un livre jouissif qui invite à élargir les territoires potentiels de l’amour plutôt qu’à le réduire à des chansons usées.


L’amour a la cote, surtout auprès des philosophes, qui ne cessent aujourd’hui encore de le glorifier, d’Alain Badiou à Luc Ferry, d’André Comte-Sponville à Alain Finkielkraut… Il existe une prolifération d’éloges philosophiques de l’amour. Quoi de plus normal ? Qui oserait nier cette idée ancrée en nous comme une évidence absolue qu’il n’y a rien de plus beau, vital, déchirant et intense que l’amour dans une existence ? Personne. Eh bien si, un philosophe, justement, Ruwen Ogien, très sceptique face au champ de l’amour, mais excité par les chants d’amour.

Son nouvel essai, Philosopher ou faire l’amour, s’évertue à démontrer, comme le chante Brigitte Fontaine, que “l’amour, c’est du pipeau, c’est bon pour les gogos”. On retrouve tout au long de sa réflexion des extraits de chansons populaires, de Céline Dion à Sexion d’Assaut, de Françoise Hardy à Stromae, dont les phrases parfois sans queue ni tête invitent à réfléchir autrement sur l’amour. Qu’elles soient gaies ou tristes, toutes révèlent, par leur sincérité parfois puérile, la réalité d’un imaginaire amoureux que Ruwen Ogien interroge à la lumière de son “mauvais” esprit. De manière en apparence légère et joyeuse, mais au fond très conceptuelle.

Les six idées de base de l’amour

Pas à pas, l’auteur déconstruit subtilement les présupposés de l’amour romantique, en s’intéressant “avant tout aux problèmes logiques et moraux que posent les idées de base de l’amour”, pour briser l’illusion de l’idée dominante consistant à faire de l’amour “une sorte d’exception par rapport aux autres questions existentielles sans proposer de justification solide à ce traitement sélectif”. Fidèle à son mode de réflexion, attaché à dénoncer le paternalisme moral ambiant et toutes les polices morales en action, Ogien s’en tient à des principes logiques. Son “éthique minimale” lui sert de cadre pour évaluer la validité des “six idées de base de l’amour” : l’amour est plus important que tout, l’être aimé est irremplaçable, on peut aimer sans raison, l’amour est au-delà du bien et du mal, on ne peut pas aimer sur commande, l’amour qui ne dure pas n’est pas un amour véritable.

Discutant chacun des points, l’auteur analyse combien l’idéal amoureux romantique est en fait défectueux “non parce qu’il est irréalisable mais parce que ses idées de base sont moralistes et conceptuellement infondées”. On peut tout à fait aimer quelqu’un sans l’admirer, en méprisant profondément son caractère. On peut aussi aimer quelqu’un sans supporter sa présence. De même, l’amour qui ne dure pas peut être un amour véritable… Ogien s’écarte du Banquet de Platon, texte fondateur sur l’amour absolu, conférant au philosophe le rôle crucial de contribuer à une ascension vers un amour céleste ; comme si l’amour physique ne pouvait à lui seul définir un amour véritable.

Si vous philosophez, suggère Platon, vous comprendrez l’intérêt de l’amour moral. D’où le dilemme, posé par Ogien de manière ludique, en clin d’œil au film des frères Larrieu, Peindre ou faire l’amour : philosopher ou faire l’amour ? Or, contre Platon et tous ses héritiers, Ogien pense qu’il n’existe “aucune bonne raison philosophique de dévaloriser l’amour physique et de survaloriser l’amour romantique”. Combattre le moralisme, c’est s’élever contre “la volonté de privilégier une certaine conception du bien et de la perfection humaine”, tournée vers des accomplissements spirituels au détriment de tous les autres, notamment corporels.

Grosses couches moralistes

Sans cynisme aucun, en triturant ses arguments logiques et en déconstruisant les grosses couches moralistes qui recouvrent les discours égarés sur l’amour, Ruwen Ogien ne propose pas pour autant d’idée définitive sur l’amour.

L’amour nous échappe toujours un peu, à la fois humainement et conceptuellement. Définir l’amour n’a d’ailleurs jamais été son projet, comme il reste impossible de définir absolument le bien, le mal, la vérité, la beauté… Il préfère laisser au lecteur la liberté de chercher une définition originale, tout en estimant que “ce serait une mauvaise idée d’essayer”.

Ce qui importe, c’est de saisir qu’une “conception non essentialiste” de l’amour n’impose rien de fixe, d’éternel, d’universel, afin de laisser à toutes les innovations pratiques la possibilité de se déployer. Les éloges actuels de l’amour, qui se présentent comme une forme de dépassement de soi vers l’autre, partagent ce défaut majeur, selon l’auteur : ils masquent le fait que “l’éloge de l’amour est devenu un genre qui exprime la pensée conservatrice qui sévit désormais à droite comme à gauche” et sert à“justifier le refus de toute innovation normative en matière de mariage, de sexualité ou de procréation”.

La plus juste façon d’aimer l’idée de l’amour, c’est de la laisser se déplacer, pour ne pas la réduire à une certaine conception de la perfection humaine, forcément partielle et imparfaite. Ce déplacement souhaité permettrait de substituer un “et” à un “ou”, pour affirmer avec l’auteur : philosopher et faire l’amour.



Article de Jean-Marie Durand, paru le 21/10/2014, dans les Inrocks, Un essai déconstruit tous les stéréotypes de l'amour, à propos de Philosopher ou faire l'amour de Ruwen Ogien

Article complet là :  les Inrocks,21/10/2014





dimanche 19 octobre 2014

Tête-bêche










Jean-Pierre BRAZS 

Installations photographiques / Château de Plaisir, Yvelines / 
dans le cadre du Festival "Escales d'ailleurs 2009" / 13 juin 2009


samedi 18 octobre 2014

Lier Entrelacer Ecrire


"Notre monde a besoin de bons lecteurs, sans doute encore 
davantage que de bons écrivains. Il en va ici des paysages 
comme des livres : la lecture précède nécessairement 
l'écriture qu'elle irrigue et nourrit. A regarder les interventions
paysagères de Jean-Pierre Brazs, on devine tout de suite 
qu'on a affaire à un grand lecteur du paysage – un promeneur 
tranquille, un regardeur qui plonge dans le lieu qui l'accueille 
et qui prend le temps d'en faire la lecture, avant d'en proposer 
sa relecture singulière sous la forme d'une œuvre qui vient 
prolonger ce lieu et rendre un hommage discret à tout ce qui a 
pu combler son regard de lecteur. Il suffit parfois d'un seul 
point de vue sur le monde pour qu'il prenne forme : dans son 
intervention sur le site, il est question d'ordre et de désordre,
mais aussi de réalité et d'apparence. Car rien ne ressemble 
plus au désordre qu'un ordre qui s'organise : pourvu qu'on 
ouvre l'oeil, Le jardin du cercle d'or nous le donne à voir sous
la forme d'une étrange anamorphose qui confronte
l'entremêlement chaotique d'un amoncellement de branches à 
la rigueur géométrique du cercle parfait. De loin, on voit juste 
un tas de branches posé sur une dalle circulaire de béton. 
Mais en s'approchant, le visiteur découvre dans ce désordre 
apparent des traces de dorure ; en se déplaçant autour de
l'assemblage, les taches brillantes se rassemblent ; une forme 
incertaine apparaît qui l'encourage à se placer au point focal 
de l'anamorphose, signalé par une marque au sol : alors 
seulement le cercle d'or se (re)constitue et s'imprime sur la 
rétine du visiteur – car ce qui est vu n'existe pas ailleurs que
dans le regard que l'on pose sur le tas de branches, à cet 
endroit précis. Jean-Pierre Brazs s'amuse à duper notre 
regard : il nous invite à nous déplacer et à nous orienter pour 
découvrir le seul point de vue où il nous faut chaque fois nous 
placer pour découvrir le cercle parfait qui émerge ainsi de ce 
qui, au premier coup d'œil, n'était qu'un chaos disparate. Ce 
cercle semble ovale parce que notre cerveau et la vision 
binoculaire corrigent l'effet purement optique. Mais Il suffit de 
fermer un œil pour que le cercle parfait apparaisse – et si vous
fermez les deux yeux pour prolonger le plaisir, vous le verrez 
peut-être voyager, comme un éclat de soleil illumine la nuit qui 
tombe en taches noires sous nos paupières baissées."

François de Coninck
Extrait de « Lier, entrelacer, écrire : un autre regard sur le site »







dimanche 12 octobre 2014

Ne lui dis pas

Troubles images issues du temps
Messages d'enfant
Vagues voyages au gré d'avant

Ne lui dis pas
Ce n'est qu'à  toi
Rêve tout bas
Ne lui dis pas

Tendres caresses, fièvres et sang
Les peaux s'entendent et se tendent
Paupières closes, qui te prend ?

Ne lui dis pas
Ça sert à  quoi
Ce n'est qu'à  toi
Ne lui dis pas

On n'avoue rien si l'on est innocent
Les mots sont vains, les mystères indulgents
La pénombre éclaire
Du silence au mensonge
C'est l'espace des songes

Page après page, vie sur vie
Quand les questions dansent
N'est-ce que ça ? Etait-ce lui ?

Ne lui dis pas
Ce n'est qu'à  toi
Rêve plus bas
Ne lui dis pas

Qu'il est si tard, qu'il ne t'étonne plus
Qu'il ne sait pas et qu'il n'a jamais su
Que bientôt l'hiver
Si c'était à  refaire
Mais...


J-J Goldman

jeudi 9 octobre 2014

Ombre

Photographie de et avec L.









" Nous ne pouvons vivre que dans l’entrouvert, exactement
sur la ligne hermétique de partage de l’ombre et de la lumière. Mais nous
sommes irrésistiblement jetés en avant." 
René Char

 " ... l’équilibre entre ces deux forces contraires, l’accomplissement de l’expérience poétique..."
Georges Séféris

 " Je sais seulement que je dois vivre avec la lumière."
Georges Séféris





Se fondre ...

Photographie de et sans L.



Remarquez-vous la même chose que moi ?
Elle s'est assise là, évidemment - pour moi (et pourtant sûrement inconsciemment pour elle). 
Se "fondre" ... dans le décor !