E x t i m e (journal)

dimanche 23 novembre 2014

Paul Eluard

M&Mme Rêve - Pietragalla / Derouault



Forme tes yeux en les fermant.
Donne aux rêves que tu as oubliés
la valeur de ce que tu ne connais pas.

J'ai connu trois lampistes,
cinq garde-barrières femmes,
un garde-barrière homme.
Et toi?

Ne prépare pas
les mots que tu cries.
Habite les maisons abandonnées.
Elles n'ont été habitées que par toi.

Fais
un lit de caresses
à tes caresses.

S'ils frappent
à ta porte,
écris
tes dernières volontés
avec la clé.

Règle ta marche sur les orages

Vole
le sens
au son,

il y a des tambours voilés
jusque dans les robes claires.

PARLE SELON LA FOLIE QUI T'A SÉDUIT.

Fais-leur la surprise de ne pas confondre
le futur du verbe avoir avec le passé du verbe être.

Couche-toi,
lève-toi
et maintenant couche-toi.

Aie l'âge de ce vieux corbeau qui dit: VINGT ANS

CoRRige Tes parentS

Veux-tu avoir à la fois le plus petit et le plus inquiétant livre du monde?
Fais relier les timbres de tes lettres d'amour et pleure,
il y a malgré tout de quoi.

Ta liberté
avec laquelle
tu me fais rire
aux larmes
est TA LIBERTÉ

Tu prends la troisième rue à droite,
puis la première à gauche,
tu arrives sur une place,
tu tournes près du café que tu sais,
tu prends la première rue à gauche,
puis la troisième rue à droite,
tu jettes ta statue par terre et tu restes.

Fais-moi le plaisir
d'entrer et de sortir
sur la pointe
des pieds.

Ne garde pas sur toi ce qui ne blesse pas le bon sens



Paul Éluard
Le jugement originel (extrait) L'Immaculée conception, 1930




samedi 22 novembre 2014

Baldaquin


Lit HI-CAN, 

design de Edoardo CARLINO 



Ou comment revisiter le lit à Baldaquin...

Avec une commande centrale totalement autonome, vidéo projecteur et enceintes intégrées et des parois et un écran rétractables, HI-CAN permet de visionner des films, surfer sur internet ou encore écouter de la musique. Un véritable cocon technologique

mercredi 19 novembre 2014

Emulsion


Samedi 15 novembre 2014 : 


Conversation avec K-too à propos de la nécessité d'émulation (intellectuelle) entre 2 partenaires.

Lapsus de K-too : "(...) il faut qu'il y ait une émulsion avec l'autre ..."
J'adore !
Fou-rire !
Lapsus révélateur ou pas ? Oups !

Voyons Wikipédia : Une émulsion est un mélange intime de deux substances liquides. Ce sont toujours deux liquides qui en situation normale sont non miscibles(qui normalement ne se mélangent pas), comme l’eau et l’huile, mais qui vont par des opérations spécifiques (agitation, mélange, ajout de quelques principes actifs) réussir à avoir un aspect macroscopiquement homogène, mais microscopiquement hétérogène. L'une des substances sera donc dispersée dans la seconde substance sous forme de petites gouttelettes. Le mélange reste stable grâce à un troisième ingrédient appelé émulsifiant (cinétique quasi nul, vitesse d'évolution du mélange)."




Wikipédia, encore : 
" Les émulsions naturelles :
  • Le lait 
  • Des latex végétaux, en particulier, ceux de l'hévea brasiliensis (qui donne le caoutchouc naturel) et du castilla elastica 
  • Le film hydrolipidique est un mélange de sébum et de sueur. C'est une émulsion qui protège la peau."
Tiens, tiens, le latex ... comme par hasard ! Hein K-too, en souvenir de tes/nos années 90 ?




Spéciale dédicace à mon amie K-too en souvenir de ce subtil moment !





Et pour faire le lien avec Phase (être en)


Wikipédia, toujours : Une émulsion est un cas particulier de colloïde. Les deux substances liquides en présence sont appelées des phases. Une phase est continue. L'autre phase, discontinue, est dispersée dans la première phase sous forme de petites gouttelettes. Les émulsions sont souvent composées d'une phase aqueuse, semblable à de l'eau, et d'une phase huileuse, semblable à de l'huile.
  • Une émulsion huile dans l'eau (H/E ou O/W pour oil in water) est composée d'une phase huileuse dispersée dans une phase aqueuse. Il s'agit d'une émulsion « directe ».
  • Une émulsion eau dans l'huile (E/H ou W/O pour water in oil) est composée d'une phase aqueuse dispersée dans une phase huileuse. Une émulsion E/H est plus grasse au toucher, car le toucher correspond majoritairement à la nature de la phase externe. Une telle émulsion est dite « inverse ».
On peut également trouver des émulsions multiples H/E/H ou E/H/E"








lundi 10 novembre 2014

Le geste primitif de l'architecte

 " le geste primitif de l'architecte " ?
C'est ce dessin simple mais explicite et bavard comme peuvent l'être les peintures rupestres.
C'est celui dont on peut dire après coup (donc après réalisation), que tout y était, tout était déjà dit.


Il me semble que ceux, dont on s'accorde à dire qu'ils sont de "grands" architectes - et ce, quelque soit leur écriture architecturale - ont ceci de commun qu'ils s'en tiennent à leur idée première et la réalisent fidèlement.
Ils parviennent à faire de ce premier geste, de ce premier coup de crayon, de ce premier jet, une réalité construite.

Alberto Campo Baeza évoque le penser avec les mains :
"Todos ellos, siendo muy diferentes entre sí, tienen en común ese “pensar con las manos” que es la lógica consecuencia de su decidida voluntad de hacer de la arquitectura una idea construida." 

Louis Kahn parle d'intuition :
"Tout ce que nous désirons créer trouve son commencement dans la seule intuition. C’est vrai pour le savant. C’est vrai pour l’artiste. Mais je mis le jeune architecte en garde : s’en tenir à l’intuition loin de la Pensée signifie ne rien faire." 

Le Corbusier, lui, de sentiment :
"Avant la naissance même du raisonnement, le sentiment surgit qui porte à l’acte : la raison donne ensuite ses aises à l’esprit par diverses confirmations qui semblent indiscutables." 
Et tous deux évoquent la pensée, le raisonnement ( le rationnel ?) comme prolongement à cette "intuition-sentiment". Oui, il faudra cogiter / travailler pour que de ce simple geste né d'une idée pure, aboutisse une construction bien réelle. Enorme enjeu. 


D'où leur vient donc cette intuition de départ ? difficile de répondre mais on peut formuler une autre question :
Comment l'architecte décèle-t-il le potentiel de ce premier jet et s'en auto-persuade-t-il ? D'où lui vient cette conviction que "c'est ça qu'il faut faire" ? c'est là que prend toute la force du mot sentiment : c'est quelque chose intimement ressenti. Une intime évidence.
Sommes nous tous aptes à avoir à cette "bonne" intuition ou bien faut-il juste en être conscient ou juste être confiant (se fier à ) en soi-même ?

Certains parlent de concept, mais ça n'a rien à voir avec ce que j'appelle "le geste primitif". 
Le concept  résonne  pour moi comme un "ready made" quelque chose  de déjà "tout prêt" à l'avance, d'abstrait, de figé en quelque sorte. c'est quelque chose qui peut nourrir la réflexion mais qui n'est pas à l'origine du projet.
Alors que le premier jet intègre, et l'intervention elle même et son rapport au lieu, dans une certaine dynamique. Bref quelque chose de contextuel. Dans ce coup de crayon, on a l'esssence du projet. (sa nature intime).

Comment l'architecte peut-il convaincre les autres avec ces quelques traits sommaires ?
Tout simplement , je crois, grâce au  "Less is more" si cher à  Mies Van der Rohe.
Les traits essentiels ont plus de force que les plans détaillés. C'est ce que les publicitaires ont compris depuis longtemps : le logo le plus simple est le plus représentatif, le plus explicite.
Et puis, autre atout non négligeable : l'esquisse laisse le champs libre à l'imagination, tout semble possible, chacun peut s'y projeter, chacun peut se l'approprier. - le thème de l'appropriation (en tant que vécu) de l'architecture serait d'ailleurs à développer - 

Cela étant dit, chacun sait que l'élaboration d'un projet est longue (des années), doit intégrer une foultitude de contraintes ( contrainte de programme souvent mal exprimé,contraintes réglementaires, techniques, de mise en oeuvre, financières, relationnelles, ... ). La tentation est grande de complexifier, d'en rajouter au passage.
Mais alors,  comment font ces architectes pour que toutes les contraintes inhérentes à la conception architecturale et au process de "fabrication" n'entament pas, ne dénaturent pas leur première esquisse ?
Comment font-ils pour s'en tenir à ( ou au moins toujours y  revenir ) à la base (car c'est la clé) ... sans superflu .
Ils gardent en eux cette intuition de départ, ce geste primitif, pendant tout le déroulé du projet, comme un guide, comme des rails, pour ne pas dévier du but. 


Ca semble si simple, et c'est pourtant si difficile. 
Comme le marin tient bon la barre contre vents et marées.
Comme la danseuse enchaîne les pirouettes avec légèreté alors que ses orteils sont en sang dans leur pointes.
L'architecture réussie ( comme la régate ou la chorégraphie) ne  transpire pas la souffrance, elle est le juste reflet de la beauté de ce premier geste (la beauté s'entend bien sûr non par la perfection du dessin mais bien par l'évidence qu'il suggère) .


Car, enfin, à la réalisation , on ne peut que s'exclamer : 



Que c'est beau cette cohérence !





Les illustrations parlant forcément d'elles-mêmes (et bien mieux que l(m)es mots ) voici quelques esquisses nées de ces gestes primitifs et leur réalisations. Regardez, détaillez, vous verrez que tout y était déjà ...

L.







Oscar Niemeyer




Shigeru Ban






Frank Gehry




Christian de Portzamparc






Santiago Calatrava




Tadao Ando





Le Corbusier



Kenzo Tange

jeudi 6 novembre 2014

A l'encre de ton cerveau

"Hay una preciosa imagen que creo que es capaz de sintetizar todo lo que propongo: un expresivo dibujo de Jørn Utzon, el maestro, que muestra una persona que para escribir ¿dibujar? moja la pluma en el tintero de su abierta cabeza. Alguien que escribe-dibuja-construye con la cabeza, con la tinta de la razón. Alguien, el arquitecto, que construye ideas." *
Alberto Campo Baeza






* que je traduirais par :

"Il y a une image précieuse que je crois capable de synthétiser tout ce que je propose : un dessin expressif de Jørn Utzon, le maître, qui montre une personne qui, pour écrire (ou dessiner ?) trempe la plume dans l'encrier de sa tête ouverte. Quelqu'un qui écrit , dessine, construit avec la tête, avec l'encre de la raison. Quelqu'un, l'architecte, qui construit des idées."